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Des propos de Zemmour et de leurs conséquences.

Publié le 23 Septembre 2018 par Nasser Adjissa

 

 

Ce qu’il est convenu d’appeler « l’antisémitisme » est un phénomène à multiples facettes, mais il sera rarement étudié en profondeur, il serait même utile de dire que beaucoup s’ingénieront à mystifier les réels ressorts.. Aussi, la doxa décriera le durcissement et les dilemmes qu’il entraînera, mais on se gardera bien d’indiquer la nature des mécanismes qui les produisent. On préfèrera commenter la conjoncture somme toute le fait accompli plutôt qu’analyser le système et ses ressorts sous-jacents. Comme s’il fallait enfouir sa tête dans le sable, le rapport de causalité entre provocation et radicalité sera le parent pauvre d’une couverture médiatique de la crise qui privilégiera plutôt les querelles de clochers en sanctionnant toute forme d’objectivité. Si l’on prend la peine de s’y attarder, pourtant, on voit que cette radicalité elle-même découlant d’une autre radicalité  résultera d’une situation pourtant criarde dont nombre  de notoriétés seront responsables, qu’elle est l’effet visible de transgressions maintes et maintes réitérées et qu’on n’y comprendra rien si l’on ignore le mutisme criard construit autour de ces transgressions..

Pour commencer l’analyse, on peut partir d’un paradoxe : curieusement, ceux qui s’indigneront de cette radicalité en oubliant la leur ne verront aucun inconvénient à ce que L’Islam soit mis à toutes les sauces notamment les plus insanes. Peu importe que l’on crache à longueur d’émission sur L’Islam et les musulmans, peu importe que l’on voue aux pires gémonies des millions de nos concitoyens pourvu que leur religion propre ne soit pas égratignée. Paradoxalement, celles et ceux qui feront à leur convenance la pluie et le beau temps dans notre société s’offusqueront comme pas possible dés lors où il y aura de l’orage dans les cités. Quand bien même maladive, cette attitude a quelque chose de fascinant, parce qu’elle traduira une vision de la société où certains jouiront de privilèges dont on se demande s’ils sont déterminés par leur appartenance ou leur mérite. A méditer sans modération. Les relations entre une certaine bien-pensance et certains musulmans voir même nombre de chrétiens n’ont rien d’une lune de miel entre des gens pourtant majeurs et vaccinés. La tendance passée, actuelle voir à venir  a tissé une tendance détestatoire  dont les musulmans se seraient volontiers passés si on leur avait demandé leur avis avant de les mettre devant le fait accompli.

Parce qu’elles relèveront d’un mode de pensée, presqu'un conditionnement, ces agressions multiples, droite ligne d’une certaine doxa néocoloniale, s’exerceront toujours en sourdine quand bien même l’idiot utile Eric Zemmour de surcroît quasi intouchable ne se privera pas de rajouter une couche à la couche.  Le principal effet de ces transgressions sera, en vain,  de vider de toute sa substance la philosophie islamique quand bien même ratissant large dans les rangs des racistes-nés et sans le reste.  Une société dont la préoccupation première est de stigmatiser L’Islam et les musulmans, jouit d’une stabilité superficielle  et non d’une stabilité réelle qui plus est pérenne. Et lorsqu’ils dénonceront « l’antisémitisme » grandissant fondé ou fictif, les transgresseurs exerceront une influence exorbitante sur les décisions politiques et médiatiques. Les transgresseurs défendront leurs intérêts comme le mendiant défend sa maigre pitance, dira-t-on, et c’est bien naturel. Mais la question se pose de savoir si ces transgresseurs qualifiés pompeusement d’intellectuels sont respectueux de l’intégrité de musulmans qui ne demanderont qu’à vivre en toute harmonie avec leur société. L’idiot utile et ses semblables en savent  quelque chose. Le contrat léonin qui lie ces olibrius à la société ne doit plus exister. D’autres voies doivent être explorées avec tout le respect du à La Shoah et à ses survivants.

Cette révolte provoqua la décomposition du pouvoir malien jusqu’à un coup d’Etat militaire qui fut le prélude à l’intervention militaire de la France dans le cadre de l’opération Serval, en janvier 2013. Depuis lors, les transgressions ont généré deux effets pervers : le discrédit des musulmans de France auprès des chrétiens modérés  incapables de se faire une juste idée du réel contexte et la croissance exponentielle de l’islamophobie dans toute la société. Bien joué mesdames et messieurs les transgresseurs. En théorie, la dénonciation de la terreur par les musulmans sera censée juguler les transgressions. Dans les faits, elles auront progressé au même rythme, l’une semblant justifier l’autre. C’est pourquoi de nombreux musulmans se demandent, à juste titre, si la dénonciation outrancière de « l’antisémitisme » de la France n’est pas le problème au lieu d’être la solution, et si la terreur exercée par les transgresseurs n’est pas un alibi justifiant une camisole  qui coïncide étrangement avec, entre autres, combien d’autres,  de réels intérêts non-avouables.

Les adversaires le plus zélés des français d’origine maghrébine  insisteront sur le fait, du reste surexposé voir surévalué, que « l’antisémitisme » participerait de l’ADN des cités. Ce n’est pas faux, mais il faut ajouter que les détracteurs de L’Islam et des musulmans– dont Eric Zemmour – ne sont  pas étrangers à cette radicalité. Bref, les discours officiels auront beau répéter que « l’antisémitisme »  est grandissant, il y aura davantage de provocations de la part de juifs (ou s’affichant comme tels) que de la part des musulmans (Alain Finkielkraut, Bernard Henry Levy, Eric Zemmour, Elisabeth Schemla et sans le reste). Il faut bien admettre que ces juifs ayant pignon sur rue ne se priveront d’aucune « délicatesse » La situation est d’autant plus préoccupante que les français seront abreuvés en permanence  de propos haineux dont l’idiot utile semble s’être fait une spécialité. Ce retour à une situation quasi-coloniale, véritable barbarie verbale,  passera comme une lettre à la poste dans l’Hexagone. La coïncidence avec les courbes provocations/radicalité a pourtant de quoi laisser perplexe, d’autant qu’elle s’accompagnera d’une singulière corrélation que personne n’aura daigné relever: jamais personnes n’aura daigné mener un sondage digne du nom auprès des musulmans de France. Actuellement, médias et politiques mèneront, vent en poupe, des campagnes contre « l’antisémitisme » voir des campagnes de dénonciation visant les musulmans, opérations menées manu militari quitte à s’afficher comme partiaux et subjectifs voir même complices.  En revanche les musulmans pourront toujours se gratter transformant leur frustration en rancœur puis leur rancœur en « antisémitisme ».

Les transgressions ainsi perpétrées pour ne pas dire perpétuées seront à la fois le symbole de l’in objectivité du système et l’instrument de sa perpétuation.

On sait depuis nombre de travaux passés sous silence combien les mécanismes de la subjectivité  forgés par des maitres chanteurs ont été cyniquement perpétués en parallèle voir dans la continuité des discours raciste. Ces mécanismes mortifères n’ont en rien  disparu. Au contraire, ils se sont amplifiés et raffinés avec le temps au point de devenir de quasi références. Aussi, pour l’opinion publique, les agresseurs ne sont pas les transgresseurs mais bien les musulmans. Cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Le prix de cette « vérité » est fixé par une islamophobie qui ne veut pas dire son nom et encore moins son non à tous les excès. Prétendre que les politiques dénoncent « l’antisémitisme » pour des motifs chevaleresques – « sauver la démocratie » ou « endiguer l’obscurantisme » – est parfaitement risible. D’autres enjeux percent derrière leur pharisaïsme. Les dirigeants français se soucieront fort peu du sort de millions  de musulmans contraints bien malgré de réagir de façon épidermique à une tendance mortifère.  Ils ne s’inquièteront pas davantage des équilibres précaires de la société où des campagnes éhontées risquent de jeter  les ferments d’une guerre civile, sans parler des effets catastrophiques induits sur les musulmans de France (instabilité, irritabilité, incapacité de se projeter dans la société etc.). Et c’est en refusant de voir cette réalité aveuglante qui plus est criarde, en ignorant ce poids des structures héritées de l’ère coloniale, qu’on s’interdit de comprendre les ressorts économiques de la crise de l’irritabilité des musulmans de France.

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